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Nos inspirations

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Vous le savez, le cœur de notre activité est de proposer des ateliers associant la découverte de la nature locale à la pratique de savoir-faire ancestraux.

Mais pourquoi ?

Pourquoi des savoir-faire « ancestraux » ? Pourquoi des savoir-faire en lien systématique avec la nature locale ? Pourquoi nous proposons quasiment une dizaine de savoir-faire différents sans nous être spécialisés dans un domaine en particulier ?

Laissez moi vous donner à travers cet article les réponses à ces questions en parcourant les inspirations qui ont fait naître ce projet sous cette forme.

1. L’impasse de notre société actuelle

Je ne peux commencer sans évoquer les conférences de personnalités publiques telles que Jean-Marc Janvocivi, Aurélien Barrau ou encore Pablo Servigne. Leurs propos m’ont permis d’acquérir une nouvelle grille de lecture du monde et surtout de comprendre l’incompatibilité de notre modèle de société avec un avenir harmonieux sur le plan écologique. Ils ont entériné à l’époque ma décision de bifurquer, d’abandonner la voie toute tracée de celle d’un ingénieur en intelligence artificielle en quête d’une croissance verte chimérique et de composer avec un autre projet de vie.

Cette réflexion m’a mené à m’interroger sur les moyens de continuer à vivre sans détruire notre environnement et épuiser les ressources naturelles. J’ai alors découvert l’univers passionnant des savoir-faire paysans et ancestraux.

2. Les vertus des savoir-faire anciens

Quand j’évoque les savoir-faire paysans et ancestraux, je parle des savoir-faire qui composaient la vie quotidienne des peuples jusqu’à la révolution industrielle. Ils concernent l’ensemble des besoins journaliers tels que la fabrication des vêtements, le tressage des paniers, le montage du mobilier, la construction des maisons, la saponification des savons, le modelage de la vaisselle, la culture des plantes potagères, etc.

Selon moi, ces savoir-faire tels qu’ils étaient pratiqués à l’époque disposent de quatre avantages essentiels.

Ils sont écologiques
Une partie conséquente des savoir-faire anciens qui composaient la vie quotidienne des gens pouvait être considérée comme écologique. Et ce à la fois du point de vue des matériaux employés (pierre, bois, laine, cuir, argile, végétaux etc.) mais aussi de leur transformation artisanale. Par exemple en France, pour fabriquer des vêtements, il n’y a pas d’autres choix que d’utiliser à l’époque de la laine, du lin ou du chanvre, soit uniquement des matières naturelles. Pour les produire, il n’y a pas de tracteurs pour cultiver et récolter massivement des plantes textiles ou d’industrie alimentaire pour nourrir des moutons qui fournissent la laine. En résumé, ils n’avaient pas d’autre choix que de produire « mieux » qu’aujourd’hui.

Ils sont beaux
L’avantage de l’utilisation de matières naturelles dites nobles et de leur transformation manuelle, c’est la dimension esthétique unique que cela confère à chaque ouvrage. La preuve en est que tous ces objets coûtent cher aujourd’hui. Il suffit de se renseigner sur le prix de vêtements en lin, d’un panier en osier ou d’un revêtement de maison à la chaux. Et c’est précisément cela qui me transcende dans mon métier, la beauté d’une spatule en bois faite main, d’une table en menuiserie traditionnelle, d’une poterie modelée, d’une pierre de calcaire taillée au ciseau, d’une corbeille tressée en châtaignier, d’une peinture à l’ocre.

Ils sont des vecteurs de liberté
Étant donné que ces savoir-faire sont pour la plupart accessibles puisqu’ils utilisent des éléments naturels locaux transformés à la main avec des outils simples, ils favorisent une forme d’autonomie et donc d’indépendance vis à vis de notre société industrielle. Ils nous donnent le choix, sans nous y contraindre, de faire sans ce qui abime notre monde.

Ils sont des liants sociaux
Les ressources fossiles qui abreuvent actuellement le monde moderne sont des sources d’énergies pharaoniques. Elles permettent à un individu de se dispenser de l’aide de ses voisins, de ses amis ou de sa famille. Par exemple, avec des outils contemporains, vous pouvez fabriquer sans problèmes à vous seul une table en bois pour 6 personnes en une après-midi. À l’époque, une telle fabrication pour le même temps nécessite un travail de groupe. Autrement dit, la vie paysanne est extrêmement collective et ce dans tous les domaines. L’énergie de la machine était en somme remplacée par la force humaine du nombre. Comme le disait Proudhon, un homme seul ne peut pas soulever un obélisque mais deux cents hommes le peuvent.

Pour illustrer mon propos, je vous invite à vous balader à Guédelon, site de reconstruction d’un château médiéval avec les techniques de l’époque. Vous constaterez que :

  • Les ressources sont naturelles et récoltées sur place, les transformations sont réalisées à la main avec des outils simples
  • L’esthétisme est au rendez-vous, du four à pain aux peintures intérieures en passant par les subtiles fenêtres de cuir
  • Les efforts y sont toujours collectifs

3. La polyvalence

Je crois que je m’ennuierais si je devais me spécialiser dans un domaine en particulier. Ce qui me transcende dans mon métier c’est la joie de pouvoir toucher autant à la vannerie, la sculpture sur pierre, le travail du bois, la connaissance des plantes sauvages comestibles, la corderie et tous les savoir-faire en lien avec les ateliers que l’on propose.

Mais d’où provient cet attrait pour la polyvalence ?

Ce trait de caractère s’est forgé en particulier lorsque j’ai découvert les humanistes de la Renaissance qui pouvaient être à la fois de brillants architectes, sculpteurs, peintres, mathématiciens ou encore philosophes.

Plus tard, j’ai aussi découvert ce même trait de caractère chez les chasseurs cueilleurs préhistoriques qui évoluaient dans des tribus de faible densité et donc très souvent peu spécialisées. Autrement dit, un enfant chasseur cueilleur savait probablement à la fois chasser, couper la viande, coudre, fabriquer des aiguilles en os, tailler du silex ou encore peindre.

Au-delà d’une satisfaction certaine de la curiosité, la polyvalence est aussi un atout considérable pour apprendre et comprendre. Plus nos connaissances sont variées, plus nous sommes en mesure d’effectuer des connexions entre des disciplines à priori éloignées et intégrer de nouvelles notions. Et précisément, il existe une multitude de ponts entre les savoir-faire ancestraux, ce qui permet de les assimiler plus efficacement. Avoir plusieurs cordes à son arc permet par ailleurs d’aborder un problème ou une thématique sous plusieurs angles afin de trouver des solutions créatives et complètes.

4. La vie comme un cycle

Jusque là, j’ai dressé un tableau particulièrement mélioratif des savoir-faire anciens auquel je voudrais apporter une nuance sur leur intention écologique. Je ne dis pas que la mentalité et la spiritualité des anciens de toutes les époques les enjoignaient systématiquement à respecter la nature dans leurs pratiques quotidiennes. En réalité certains ne pouvaient pas faire autrement que d’utiliser des matières premières naturelles et de les transformer à la hauteur de l’énergie dont ils disposaient, c’est à dire infiniment moins qu’aujourd’hui. Mais je ne doute pas que si l’empire romain par exemple avait su exploiter toute la puissance du pétrole, ils l’auraient volontiers pompé jusqu’à la dernière goutte.

Il n’y a donc pas que le savoir-faire technique qui importe mais également la philosophie avec laquelle nous appliquons ces connaissances.

Alors quelle philosophie guide nos pas ?

Je souhaite livrer un monde à mes enfants qui leur permettra de vivre de manière cyclique, comme la plupart des processus naturels à l’œuvre dans notre espace terrien. L’eau salée de mer s’évapore pour former des nuages puis se condense pour former des fleuves qui retournent dans la mer. Les feuilles des arbres caduques tombent à l’automne puis se transforment peu à peu en humus pour nourrir les racines de l’arbre qui peut ainsi produire de nouvelles feuilles au printemps. La plante puise le carbone de l’air toute sa vie pour grandir et vivre puis le relâche à sa mort lors de sa décomposition.

C’est donc en réalité le seul filtre que j’applique au choix des matériaux sur notre jardin pédagogique et des techniques enseignées lors des ateliers, est-ce que l’ensemble est reproductible de manière durable pour nos enfants ?

Je ne vais pas trop m’épancher sur le sujet car nous avions déjà écrit un article à ce propos que vous trouverez en cliquant ici.

Bravo à vous si vous êtes arrivés jusque-là, je vous en remercie. J’espère avoir dit l’essentiel de ce qui nous a donné l’envie de concevoir notre projet ainsi.

À très bientôt au Temps des Savoir-Faire !

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