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L’émail est-il inévitable ?

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L’émail est-il inévitable ?

L’émail est-il inévitable ?

poterie

Est-il nécessaire d’émailler une poterie pour la rendre étanche à la cuisson, afin de pouvoir consommer de la nourriture et stocker des liquides à l’intérieur sans qu’ils s’échappent ?

Afin de bien tout vous expliquer, il faut d’abord comprendre ce que signifie l’émail.

L’émail est une substance que l’on ajoute à la surface de la poterie qui a la propriété de vitrifier à la cuisson. Autrement dit, une fine couche de verre se forme à la surface des parois. La céramique est ainsi rendue totalement étanche et il est possible d’y introduire des liquides sans qu’ils finissent par s’échapper.

Vous trouverez ci-dessous une photo qui montre la différence d’une céramique avec ou sans émail. Comme vous le pressentez sans doute la partie orange n’est pas émaillée contrairement à la partie verte.

Pot d'intérieur Saintropp en terre cuite émaillée, coloris Jade D23 cm

Pour avancer convenablement dans cet article et répondre à la problématique initiale, il faut distinguer deux usages :

  • celui de manger/boire qui est une opération éphémère. La pièce de poterie sert pendant un temps court à chaque utilisation.
  • celui de stocker la nourriture ou l’eau, potentiellement donc pour un temps long.

Pour le premier usage, vous pouvez tout à fait boire ou manger dans une poterie non émaillée. Un nombre conséquent de peuples dans le monde et dans l’histoire prennent leur repas depuis des milliers d’années dans ce qu’on appelle des terres cuites, sans émail. En revanche, dans ce type de poteries, vous ne pourrez pas pratiquer le deuxième usage, c’est à dire stocker, car la terre, bien que cuite, est encore poreuse. À l’inverse, quand l’émail est appliqué la pièce devient complètement imperméable, l’eau peut être stockée indéfiniment (en théorie).

Jusque là vous pourriez me dire qu’il suffit d’émailler les pièces destinées au stockage et l’affaire est dans le sac. Petit problème, l’émail présente deux contraintes non négligeables, ce qui explique son utilisation relative dans l’histoire.

Contrainte n°1 :
Fabriquer une poterie émaillée nécessite l’exécution de deux cuissons. La première permet de transformer l’argile en terre cuite (la terre cuite évoquée quelques lignes plus haut dans laquelle on peut déjà manger et boire mais pas stocker). Une fois cette première cuisson terminée, l’émail est appliqué sur la pièce par immersion ou au pinceau puis une deuxième cuisson est réalisée afin de permettre à l’ensemble de vitrifier. Le processus complet est donc deux fois plus énergivore qu’une terre cuite classique.

Contrainte n°2 :
La plupart des recettes permettant de fabriquer les émaux sont moins accessibles pour le commun des mortels et nécessitent souvent des ingrédients peu disponibles localement. C’est la raison pour laquelle, à l’heure actuelle, les émaux utilisés dans les ateliers de céramistes sont souvent issus de la chimie moderne et achetés en magasin. Très peu de céramistes fabriquent leurs émaux eux-mêmes à partir de ressources naturelles locales.

Maaiiiiiiiis rassurez-vous, il y a plein d’autres manières de faire pour stocker. L’émail n’est pas un horizon indépassable.
En voici un éventail non exhaustif.

1- Polir la poterie
Une technique simple consiste à polir la poterie pendant son temps de séchage avant de la cuire. Pour cela, un simple galet ou le dos d’une cuillère suffisent. L’idée est d’appliquer des mouvements circulaires ou rectilignes afin de « refermer » les pores de l’argile. Cette vidéo devrait vous permettre de bien saisir le concept.

2- Appliquer un corps gras
Cette technique consiste à enduire d’un corps gras les parois et le fond de la céramique. Les corps gras, grâce à leur queue hydrophobe, empêchent l’eau de pénétrer et donc de s’enfuir du récipient.

3- Récupérer la terre sigillée
La terre sigillée est une argile fine qui peut être obtenue en mélangeant de l’argile classique avec de l’eau dans un récipient afin de produire une espèce de soupe liquide. En laissant décanter, la terre sédimente tandis que l’eau remonte. Les particules lourdes et grossières sont plus denses et se positionnent donc naturellement vers le « bas ». Les particules les plus fines à l’inverse se situent sur la partie « haute » du récipient, il s’agit de la fameuse terre sigillée. Cette matière particulièrement fine, appliquée sur une poterie, permet de vitrifier ses parois lors de la cuisson.

4- Cuire à haute température
Les argiles ne sont pas toutes égales quant à leur tolérance aux températures de cuisson. Certaines peuvent supporter sans difficultés des températures supérieures à 1200°C (le grès et la porcelaine) tandis que d’autres (la faïence) ne peuvent supporter le dépassement de ce seuil sans que la pièce ne se déforme ou ne fonde. Si vous êtes dans le premier cas, à savoir une argile tolérante, alors la cuisson à plus de 1200°C vitrifie naturellement la terre. Le rendu est étanche sans avoir besoin d’appliquer un émail.

Il y a encore d’autres solutions car l’univers de la céramique est particulièrement vaste mais je voulais vous présenter ici quatre des options les plus connues pour se dispenser d’émaux.

À vous de jouer maintenant pour faire vos expériences et tester toutes ces options !

Bonnes tambouilles 🥣

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