Un lieu commun consiste à penser que les jeunes* générations sont bien mieux renseignées, impliquées et concernées par les enjeux énergie-climat que les précédentes.
Mais est-ce vraiment le cas ?
Je pense que le lien de la majorité des jeunes de cette tranche d’âge à l’écologie s’incarne avant tout à travers les préceptes environnementaux de l’éducation nationale et de la société. Au programme, des injonctions qui emploient souvent le même lexique, à savoir « protéger » ou « sauver la planète » avec comme thématiques récurrentes le recyclage des déchets, l’ampleur chiffrée de la pollution, la notion d’empreinte carbone ou encore les gestes du quotidien. Or je ne suis pas sûr que ce soit un moyen efficace de donner véritablement envie à des jeunes d’embrasser un mode de vie « écologique ». Si l’on y réfléchit, il s’agit surtout de discours relativement apocalyptiques (il va faire 8000°C et on va tous mourir de chaud) ou de privations (moins manger de viande, moins prendre l’avion etc.).
Pour donner de l’allant, de l’envie et de la perspective, il faut pouvoir compléter ce lot d’informations avec des solutions concrètes permettant de reconnecter avec joie cette tranche de la population à la nature. À ce propos, afin de creuser ce sujet, je vous invite à lire l’article précédent paru sur notre site et notamment la fin.
Par ailleurs, le sujet énergie-climat étant particulièrement complexe et nécessitant une compréhension de notions de physique, de biologie, de chimie ou encore de géologie, les connaissances acquises sont en réalité généralement assez floues. Cette difficulté d’assimilation du sujet implique des interprétations biaisées de la réalité et donc des incohérences dans les comportements. Combien de personnes de cette tranche d’âge comprennent les véritables implications dans leur vie quotidienne de la transition écologique ? Bien entendu, il n’y a aucun jugement de valeur dans mes propos mais simplement la volonté d’analyser un état de faits. À leur âge et dans leur contexte, ma réaction aurait très probablement été similaire.
Si l’on résume notre propos jusque là :
- L’éducation des jeunes autour du sujet énergie-climat s’articule autour de préceptes climatiques désincarnés car déconnectés d’un rapport réel à la nature locale, ce qui culpabilise cette population sans leur permettre de véritablement s’impliquer en faveur de solutions viables et de prendre du plaisir dans cette quête.
- Le sujet est trop complexe pour le maîtriser correctement à cet âge, ce qui représente un terreau pour la désinformation et le choix de mauvais combats.
Résultat des courses, on observe deux phénomènes :
- Un rejet d’une partie de la jeunesse des constats climatiques qui se manifeste par une hausse conséquente de la part de climatosceptiques pour cette tranche d’âge (36 % contre 23 % pour la population adulte selon un sondage OpinionWay).
- Des comportements peu indiqués pour lutter contre le dérèglement climatique à savoir la surreprésentation de cette population en matière de consommation dans des secteurs comme la fast fashion ou le voyage touristique aérien.
C’est la raison pour laquelle au temps des savoir-faire, nos ateliers pour les écoles (école primaire, collège, lycée et école supérieure) ont pour objectif de redonner aux jeunes le goût du contact avec la nature locale et des savoir-faire traditionnels, le message étant de leur proposer une compensation joyeuse aux privations annoncées vis à vis des postes de consommations actuels.
En clair, oui ils prendront moins l’avion mais ils découvriront par ailleurs l’excitation de produire leur propre miel, de fabriquer leurs couverts en bois, de faire pousser et de cuisiner les plantes, de fabriquer un masque de cosmétique avec l’argile sauvage, de faire de la peinture avec la gomme du cerisier, de construire un four à pain avec la glaise…et tant d’autres sujets passionnants !
*12-25 ans.