Qu’est ce que la vannerie sauvage et pourquoi je la préfère à la vannerie « classique » ?
La vannerie sauvage consiste à tresser/coudre/assembler des plantes sauvages locales pour fabriquer une gamme d’objets qui peut s’étendre du chapeau au luminaire en passant par tout type de panier ou contenant.
Quelle est la différence principale avec la vannerie classique ?
Si vous rendez visite à un vannier professionnel ou que vous achetez un panier fabriqué en France, ce dernier sera composé en très grande majorité de ce qu’on appelle l’osier. Cette matière désigne non pas le nom d’une plante mais les jeunes tiges des différentes espèces de saules choisies pour la vannerie.
Pourquoi uniquement les jeunes tiges et pourquoi le saule en particulier ? On sélectionne les jeunes tiges uniquement car ce sont les plus souples (en même temps vous vous doutez bien qu’avec une branche de l’épaisseur d’une buche le tressage risque d’être compliqué) et le saule car c’est là une plante fantastique pour sa souplesse innée. Certains végétaux ont besoin d’être préparés pour améliorer leur souplesse, il n’en est rien pour le saule (enfin quasiment).
SAUF QUE dans la nature sauvage, des saules qui présentent NATURELLEMENT des tiges adaptées pour la vannerie, c’est à dire des tiges qui, en plus d’être souples, sont longues et homogènes, ça ne court pas les rues, enfin plutôt les bois. C’est la raison pour laquelle l’osier est produit au sein d’osiéricultures qui sont des champs de saules plantés en séries et taillés chaque année de manière spécifique afin de produire ce qu’on appelle des rejets (voir la photo ci-dessous).
Dans cette configuration, les saules produisent un osier de grande qualité et parfaitement adapté pour la vannerie. En revanche, un saule non entretenu et poussant normalement donne plutôt cette disposition là :
Comme vous pouvez le constater, les branches sont beaucoup moins longues puisque l’arbre a tendance à fourcher et se ramifier beaucoup plus fréquemment que pour les trognes de saules plantés en osiériculture.
Avec la vannerie classique, le grand avantage est donc de pouvoir commander en France en deux trois clics sur internet des bottes d’osier qui permettent d’avoir à disposition un matériau quasiment standardisé, très esthétique et idéal pour la vannerie.
MAIS…(parce qu’il y a toujours un mais 😉 )
L’osier en vannerie classique présente à mon sens quelques failles non négligeables.
– Si vous souhaitez maîtriser le savoir-faire dans son ensemble, c’est à dire de l’identification de la plante à la fabrication de l’objet en passant par la récolte et la préparation du matériau (autrement dit l’ADN de tous nos ateliers), vous devrez disposer d’un terrain avec de l’eau à proximité (car le saule aime pousser près des points d’eau) sur lequel vous pourrez planter des saules et les tailler chaque année. Nul besoin d’ailleurs de faire de la monoculture, vous pouvez très bien disperser vos saules un peu partout selon les principes de la permaculture pour ne pas favoriser les maladies en tout genre liés à la concentration d’une même espèce au même endroit.
– Si vous n’avez pas de terrain, vous n’aurez pas le choix de commander de l’osier auprès de centres d’osiériculture. Ces derniers, afin d’être rentables, doivent produire du volume et appliquent donc souvent un système de monoculture avec tous les inconvénients que cela comporte (j’écrirai un article à ce sujet dans un avenir proche).
Alors quelle est ma solution si, comme moi, vous n’avez pas de jardin avec suffisamment d’espace ou d’eau pour cultiver du saule et que vous avez envie de maîtriser l’intégralité du savoir-faire ?
J’ai une excellente nouvelle à vous annoncer, il est tout à fait possible de reproduire des petites osiéricultures sauvages, qui produiront largement assez pour des besoins familiaux, c’est à dire plusieurs paniers par an. Il vous suffit de vous balader près des points d’eau proches de chez vous, de repérer quelques saules et de tailler les rejets naturels que vous observez dessus (il y en a toujours en se baladant un peu). Parfois, vous trouverez même des saules qui présentent déjà cette configuration de trogne dans la nature sauvage ou des cas de figure qui s’en rapprochent. C’est le cas des souches de saules qui repartent en produisant toute une série de rejets ou encore de saules qui ont poussé dans des conditions environnementales particulières (peu d’accès à la lumière par exemple).
J’ai une nouvelle encore plus réjouissante. Il existe une multitude de plantes sauvages locales que l’on peut utiliser en vannerie et que vous trouverez en quelques minutes en vous baladant dans un espace vert. Vous aurez alors à disposition une infinité de couleurs, de textures et de formes pour faire parler votre créativité. Alors oui me direz-vous c’est à vous d’aller récolter la matière et la préparer. Mais la pratique de la vannerie est donc un formidable prétexte pour aller se balader et découvrir, entre autres, le noisetier, le châtaignier, le cornouiller sanguin, la clématite sauvage, le troène commun, la ronce, l’orme, le tilleul, le jonc, le carex et encore plein d’autres végétaux surprenants.
Pour un usage familial et personnel, c’est pour moi le mode de pratique de la vannerie le plus écologique et respectueux qui soit. Premièrement car il permet de faire corps avec la nature sauvage en partant à sa découverte. Deuxièmement car on laisse libre cours à l’expression de l’extraordinaire biodiversité sauvage sans avoir besoin de raser un champ pour y cultiver une seule et même plante. Bien entendu, je ne suis pas en train de dire que les osiéricultures n’ont pas leur place, je dis simplement que la vannerie sauvage, pour un usage personnel, est une pratique qui me parle et me correspond profondément, pour les raisons évoquées précédement.
Bon tressage !